Programme AMBRE : le bâtiment en mode réemploi
Le 7 octobre dernier, au salon Renodays, un nouveau sigle a fait son entrée dans le paysage du bâtiment : AMBRE.
Derrière ce nom lumineux — Agir et Mobiliser pour Bâtir et Rénover avec le Réemploi — se cache une ambition claire : faire du réemploi des matériaux une pratique courante, fiable et massivement déployée.
Et cette fois, la filière ne veut pas se contenter de belles paroles.
Passer du discours à la pratique
Depuis des années, on en parle : réemploi, économie circulaire, seconde vie des matériaux…
Mais sur le terrain, la réalité est plus timide : moins de 1 % des matériaux du bâtiment sont réellement réemployés en France (source ADEME).
Les raisons ? Elles sont multiples :
- manque de filières structurées,
- incertitudes sur l’assurance,
- complexité logistique,
- et parfois, tout simplement, un manque d’habitude.
Avec AMBRE, la filière veut changer la donne.
Coordonné par l’Agence Qualité Construction (AQC), le programme fédère les grands acteurs du secteur : la CAPEB, la FFB, l’Union sociale pour l’habitat, et plusieurs partenaires institutionnels.
Quatre leviers pour faire bouger les lignes
Le programme AMBRE repose sur quatre axes concrets :
- Fiabiliser les pratiques : mettre en place des protocoles techniques et partager des retours d’expérience.
- Former les professionnels : donner aux artisans, architectes et maîtres d’ouvrage les clés pour intégrer le réemploi dans leurs chantiers.
- Capitaliser sur l’existant : s’appuyer sur les démarches déjà menées (comme le Booster du Réemploi ou le projet SPIROU du CSTB).
- Faciliter l’assurance : créer des outils de traçabilité et de qualification pour rendre le réemploi compatible avec les garanties décennales.
Bref, passer d’expériences isolées à une vraie culture du réemploi.
Des défis techniques, mais un potentiel immense
Réemployer, ce n’est pas seulement une question d’écologie. C’est aussi une question de bon sens économique.
Chaque année, le bâtiment produit plus de 46 millions de tonnes de déchets — soit près de 70 % des déchets français. Réutiliser plutôt que jeter, c’est donc réduire les coûts de traitement, limiter la production de matériaux neufs et diminuer drastiquement l’empreinte carbone du secteur.
Mais cela demande encore de lever plusieurs verrous :
- garantir la performance d’un produit déjà utilisé,
- définir qui est responsable en cas de problème,
- ou encore structurer la collecte et la revente à l’échelle locale.
C’est précisément là qu’AMBRE entend apporter des réponses, avec des projets pilotes dès 2026 sur des logements sociaux, bâtiments publics et chantiers de rénovation.
Et la formation dans tout ça ?
Le réemploi ne se fera pas sans formation. En effet, pour que les pratiques changent, il faut des professionnels formés, capables de diagnostiquer, démonter, reconditionner, remonter… bref, de penser le chantier autrement.
Et c’est exactement l’esprit que nous portons à travers nos formations à la construction modulaire et au hors-site : apprendre à faire mieux avec moins, à inventer sans gaspiller.
AMBRE vient donc compléter une dynamique déjà en marche — celle d’un bâtiment plus responsable, plus ingénieux, plus humain.
Et si le bâtiment de demain se construisait d’abord avec les matériaux d’hier ?
