Matériaux biosourcés pour construire un avenir durable
Et si construire autrement, c’était construire mieux ? Les matériaux biosourcés, longtemps considérés comme une niche écologique, s’imposent aujourd’hui comme une alternative crédible — et même nécessaire — face aux enjeux climatiques et environnementaux qui nous attendent.
Loin des clichés d’un marché marginal ou artisanal, la filière biosourcée affiche des résultats solides : entre 2016 et 2023, les volumes ont presque doublé, atteignant 28 millions de m² de matériaux mis en œuvre. En parallèle, le chiffre d’affaires du secteur a bondi à plus de 91 millions d’euros. Un signal fort : la transition vers des modes de construction plus durables est bel et bien en marche.
De quoi parle-t-on exactement ?
Les matériaux biosourcés sont issus de ressources renouvelables d’origine végétale ou recyclée : bois, chanvre, lin, paille, textile recyclé… Ils peuvent prendre la forme d’isolants en vrac ou en panneaux, de bétons végétaux, ou encore d’éléments préfabriqués pour la construction hors-site.
Leur principal atout ? Une empreinte carbone largement plus faible que les matériaux conventionnels. Mieux encore : ces matériaux sont capables de stocker du carbone. En 2023, ils ont permis de piéger plus de 211 000 tonnes équivalent CO₂. Et ce n’est qu’un début. Si la filière exploitait sa pleine capacité de production, ce chiffre pourrait tripler d’ici 2030.
Une réponse concrète aux défis climatiques
Face à la crise environnementale, le bâtiment est sous pression. Il représente à lui seul près de 40 % des émissions de CO₂ en France. Or, les matériaux biosourcés offrent une réponse directe et mesurable : leur utilisation réduit l’impact carbone des constructions neuves et des rénovations, tout en favorisant l’économie circulaire.
Le cadre réglementaire évolue également dans ce sens. La Réglementation Environnementale 2020 (RE2020) fixe des seuils ambitieux pour les constructions neuves, en intégrant pour la première fois des critères d’impact carbone. D’ici 2030, la loi Climat et Résilience rendra obligatoire l’usage de matériaux bas-carbone ou biosourcés dans 25 % des rénovations lourdes et constructions publiques. Le message est clair : il est temps de changer de paradigme.
Une filière prête à répondre à la demande
Avec 19 sites de production répartis sur le territoire français, la filière biosourcée est structurée, industrielle et mature. Mieux encore : elle tourne à seulement la moitié de sa capacité. Cela signifie qu’elle est d’ores et déjà en mesure de répondre à une forte hausse de la demande, sans délai.
Les produits phares ? Les isolants semi-rigides (utilisés pour murs et toitures) et les isolants en vrac (parfaits pour les combles), qui représentent à eux seuls plus de 90 % du marché. À leurs côtés, les panneaux rigides et les bétons biosourcés progressent rapidement, notamment dans les chantiers de préfabrication et de construction modulaire.
Investir dans l’avenir, dès aujourd’hui
Depuis 2020, près de 150 millions d’euros ont déjà été investis pour renforcer la filière. Et ce n’est pas fini : 80 millions d’euros supplémentaires sont prévus dans les cinq prochaines années. Ces investissements visent à augmenter encore la capacité de production, créer des emplois locaux, et répondre aux besoins croissants d’un secteur du bâtiment en pleine mutation.
Les biosourcés, plus qu’une option, une évidence
Choisir les matériaux biosourcés, ce n’est pas seulement faire un choix technique ou économique. C’est s’engager dans une démarche de responsabilité, d’innovation et d’avenir. Pour les professionnels du bâtiment, les décideurs publics, et chacun d’entre nous, il est urgent de soutenir cette filière. Car derrière ces fibres végétales, c’est tout un modèle de société plus durable qui se dessine.