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Le Prix Pritzker : quand l’architecture est récompensée

Longtemps synonyme de prestige et de monumentalité, le Prix Pritzker – souvent surnommé le Nobel de l’architecture – a amorcé un tournant décisif. Fini les gestes spectaculaires à coups de verre, de béton et de budgets mirobolants. Place à des projets plus sobres, plus humains… et plus responsables. Alors, dans ce virage vers une architecture de l’essentiel, la construction modulaire a-t-elle sa carte à jouer ? Spoiler : oui.

Un prix prestigieux en pleine mutation

Créé en 1979, le Prix Pritzker récompense chaque année un·e architecte vivant·e pour l’ensemble de son œuvre. Pendant plusieurs décennies, les lauréats incarnaient une vision iconique de l’architecture. Frank Gehry, Zaha Hadid, Jean Nouvel… autant de noms associés à des formes audacieuses, souvent imposantes, pensées comme des œuvres d’art.

Mais depuis quelques années, la boussole a changé de cap. La question n’est plus : « Quelle est l’empreinte esthétique de ce bâtiment ? », mais plutôt : « Quelle est son empreinte sociale et environnementale ? »

C’est ainsi que des figures comme Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal (2021), Francis Kéré (2022) ou Liu Jiakun (2025) ont été saluées pour leurs démarches contextuelles, leur engagement pour des habitats dignes, durables, et leur capacité à “faire plus avec moins”.

Et la construction modulaire dans tout ça ?

Même si aucun projet entièrement conçu en modulaire n’a encore permis à un·e architecte de décrocher le Pritzker. L’esprit du modulaire s’infiltre doucement dans cette nouvelle génération de projets primés. Sobriété, adaptabilité, préservation des ressources, réemploi, participation des habitant·es…

À bien y regarder, un lauréat du Prix Pritzker a d’ailleurs ouvert la voie : Shigeru Ban, sacré en 2014. Il a bâti une grande partie de sa notoriété sur des projets d’habitat d’urgence. Notamment en utilisant des matériaux peu coûteux, recyclables… et parfois des conteneurs. Après le séisme et le tsunami de 2011 au Japon, il conçoit le Container Temporary Housing à Onagawa. Une solution d’urgence construite à base de modules empilés, pensée pour offrir dignité et intimité aux sinistrés. Preuve que l’architecture modulaire peut répondre à des besoins essentiels, dans des contextes de crise, tout en étant saluée par les plus hautes instances.

Des projets modulaires remarquables (même s’ils ne sont pas encore Pritzkerisés)

Plusieurs projets internationaux ont marqué les esprits ces dernières années, sans forcément être rattachés au Prix Pritzker, mais en illustrant la pertinence croissante du modulaire dans l’architecture d’avenir :

  • The Stack (New York), conçu par Gluck+, a été l’un des premiers immeubles d’habitation en structure modulaire aux États-Unis. Assemblé en 19 jours, il combine efficacité, durabilité et esthétique urbaine.
  • En Europe, des initiatives comme Baugruppen, en Allemagne, ou certains projets de l’agence Elemental de l’architecte Alejandro Aravena (lauréat du Pritzker en 2016), utilisent des principes d’incrémentalité : on construit une base solide et on laisse aux habitant·es le soin de compléter selon leurs besoins et ressources. Ce principe est très proche du modulaire en esprit.
  • En France, des agences comme Encore Heureux ou AREP expérimentent des bâtiments réversibles et démontables (pavillons d’exposition, écoles temporaires, logements d’urgence). Et ces pratiques, bien que plus discrètes, sont de plus en plus valorisées.

Vers un Pritzker de la construction modulaire ?

Le monde architectural change vite. Les crises environnementales, les tensions foncières, les besoins croissants en logements accessibles… tout pousse à revoir nos façons de bâtir. Le modulaire, avec sa capacité à réduire les déchets, accélérer les chantiers, limiter l’impact carbone, mais aussi favoriser la réversibilité, coche de nombreuses cases du futur architectural.

Il ne serait donc pas étonnant que dans les années à venir, le Pritzker soit attribué à un·e architecte ayant fait du modulaire son terrain de jeu — non pas pour son caractère “innovant”, mais pour sa capacité à répondre aux vrais besoins de notre époque.

Le Prix Pritzker évolue, et avec lui, notre regard sur ce qu’est une “grande œuvre architecturale”. La beauté ne se mesure plus à la hauteur d’une façade ou au prix d’un chantier, mais à sa capacité à soigner les territoires, accueillir la vie, et faire avec l’existant. En cela, la construction modulaire hors-site n’a jamais été aussi pertinente.

Elle n’est pas (encore) totalement sous les projecteurs du Pritzker… mais elle est déjà au cœur des solutions.

Qui sait ? Le ou la futur·e lauréat·e du Pritzker est peut-être en train d’apprendre à manier une disqueuse dans un de nos ateliers.

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